Objet du mois
Cartes en relief pour l’établissement de prédictions radar de Mirage IIIE
Fabricants : Institut Géographique National, Wenschow
France et République fédérale d’Allemagne, entre 1967 et 1973
Résine synthétique
En raison du montage de l’exposition Flight, le hall de l’Entre-deux-guerres sera fermé aux visiteurs jusqu’au 17 décembre inclus.
Les travaux réalisés sur le réseau de chaleur de Dugny et du Bourget se dérouleront du 30 septembre au 20 décembre sur la zone du musée. Les accès routiers sont temporairement modifiés et le nombre de places de stationnement réduit sur le parking du musée. En savoir plus.
Merci de votre compréhension.
Le musée conserve un ensemble unique de cartes en relief ayant servies à la préparation de missions de pénétration à très basse altitude réalisées par des Mirage IIIE en pleine Guerre froide.
Entre 1967 et 1973, le Centre de Prédiction et d’Instruction Radar (CPIR) installé sur la base aérienne de Luxeuil, réceptionne un ensemble de plus de 250 cartes en relief confectionnées pour partie par l’Institut Géographique National (IGN) et pour partie par la firme ouest-allemande Wenschow. Ces cartes, d’une cinquantaine de centimètres de côté, s’assemblent au grès des besoins pour couvrir les zones d’entraînement de Mirage IIIE et de zones opérationnelles au-dessus de l’Europe centrale. Ces cartes en résine, à l’échelle 1/100 000e, présentent un relief exagéré, particulièrement saillant pour rendre plus visible le moindre changement de niveau, permettant d’obtenir des « prédictions radar ».
Le CPIR assemblait ces plaques en fonction des besoins des missions. Un dispositif permettait de faire défiler au-dessus de ces cartes, le long de la route à suivre par l’avion, un banc photographique constitué d’un « palpeur » permettant de relever l’altitude – qu’on appelle la « ficelle » -, d’une lampe permettant d’éclairer les cimes des reliefs, et un appareil photographique. Ce dispositif permettait d’obtenir de fausses images radar, appelées prédictions. Un petit carnet de vol, le « déplinav », était ensuite confectionné pour le pilote, figurant une carte aéronautique flanquée de la prédiction radar et de la ficelle d’altitude à suivre à chaque phase de vol.
Le déplinav était alors utilisé lors de l’une de ces missions de pénétrations à basse altitude pouvant se dérouler de tous temps (nuit, mauvaise météo…) à une altitude comprise entre 500 et 1000 pieds (entre 150 et 300 m) pour éviter les détections par les radars ennemis. L’entraînement se faisait à bord d’un Mystère XX modifié (type SNA) et les missions opérationnelles avec un Mirage IIIE équipés d’un radar Cyrano IIB. Pour effleurer le relief en sécurité, le pilote volait alors avec le visage collé à son propre écran radar lui révélant le sol et sans user de références visuelles extérieures au cockpit. Pour se situer précisément, il comparait régulièrement son écran radar avec les prédictions de son déplinav accolées à la carte.
Ces cartes en relief sont ainsi employées jusque dans les années 1980 et constituent un témoignage original de la cohabitation des technologies les plus avancées de l’époque avec des moyens de mise en œuvre artisanaux. Elles permettent également de révéler l’importance de la préparation et de l’entraînement des pilotes pour réaliser tous types de missions.
Texte : Alexandre Gallo
Illustrations : Tania Rieu