Objet du mois
Assiette : Paris assiégé
Assiette : Paris assiégé. Mon laisser passer ? Tiens le v’là !
Charles Edmond Griffiths, dit Charles HAMLET, d’après une lithographie du caricaturiste belge Draner (1833-1926)
Creil et Montereau, manufacture L. M. & Cie
France, vers 1871-1875
Faïence
Inv. 11042 bis
Le hall Concorde sera exceptionnellement fermé au public le dimanche 20 octobre de 10h à 13h.
Les travaux réalisés sur le réseau de chaleur de Dugny et du Bourget se dérouleront du 30 septembre au 18 octobre sur la zone du musée. Les accès routiers sont temporairement modifiés. En savoir plus.
Merci de votre compréhension.
Evénement majeur de la guerre franco-prussienne, le siège de Paris – entre le 19 septembre 1870 et le 28 janvier 1871 – constitue un temps fort dans l’histoire de l’aérostation. Des ballons sont en effet utilisés afin de rétablir les communications entre la capitale isolée et la province. Les exploits des aéronautes, qui parviennent à transporter passagers et courrier hors de Paris en dépit du danger, semblent occuper une place privilégiée dans la construction de la mémoire du siège. Ils enrichissent une iconographie patriotique qui se diffuse en France, en particulier sur des vases et objets de vaisselle.
La scène montre deux hommes fuyant la capitale à bord d’un ballon sous les tirs d’un soldat prussien, reconnaissable à son casque à pointe. L’épisode est traité de manière humoristique. En guise de laissez-passer de sortie, l’aéronaute gratifie d’un pied de nez le militaire armé. Coiffé d’un bonnet à pompon et vêtu d’une vareuse à large col, il porte la tenue caractéristique des marins. Par ce choix iconographique, l’artiste met en lumière l’engagement des matelots dans le service de poste aérienne créé pendant le siège : sur les 67 aéronautes qui ont quitté Paris en ballon, 29 exerçaient en effet le métier de marin.
Ce décor reproduit la planche n°12 des Souvenirs du siège de Paris, suite de 31 lithographies réalisée en 1871 par le dessinateur et caricaturiste Jules Renard dit Draner. L’objet est issu d’une série de douze assiettes intitulée Paris assiégé dont les scènes représentées ont toutes pour modèle des lithographies de cet artiste. Le courage des aéronautes est ici exalté tandis que l’ennemi, ouvertement moqué, est ridiculisé. En plaçant ainsi le soldat dans la position de l’humilié, le caricaturiste cherche à atténuer l’affront infligé à la France et contribue, par ce dessin, à la reconstruction d’une identité nationale mise à mal par la défaite.