Objet du mois
Disque vinyle enregistrement des voix de Costes et Le Brix
Notre raid autour du monde par Costes et Le Brix
Conversation sonore enregistrée le 21 avril 1928
Disque laqué 78t / min
Editeur/ producteur ODEON
Durée 7 min 48
Inv 27/53
En raison du montage de l’exposition Flight, le hall de l’Entre-deux-guerres sera fermé aux visiteurs jusqu’au 17 décembre inclus.
Les travaux réalisés sur le réseau de chaleur de Dugny et du Bourget se dérouleront du 30 septembre au 20 décembre sur la zone du musée. Les accès routiers sont temporairement modifiés. En savoir plus.
Merci de votre compréhension.
Dieudonné Costes et Joseph Le Brix reviennent tout juste de leur raid autour du monde réalisé entre le 10 octobre 1927 et le 14 avril 1928 quand ils décident d’enregistrer leur récit chez l’éditeur Odéon. Le 10 octobre 1927 à 9h45, ils ont décollé du Bourget à destination de Saint-Louis au Sénégal à bord de l’appareil Breguet XIX – GR N°1685 – équipé du moteur Hispano Suiza 550cv.
Ils ont parcouru en tout 58410 kms en 347 heures de vol et ont établi plusieurs records au cours de leur voyage :
- Paris – Saint Louis du Sénégal – 4600 kms sans escale
- Traversée de l’Atlantique Sud sans escale
- Paris – Buenos Ayres en 72 heures de vol
- Première liaison Rio de Janeiro – Buenos Ayres sans escale
Dans cet enregistrement présenté par Michel Dulud, les 2 aviateurs évoquent, sous la forme d’un dialogue, leur départ du Bourget, la traversée de la France, l’Espagne, Agadir et Saint Louis du Sénégal, les conditions météorologiques jusqu’à Dakar, les traversées de l’Atlantique et du Pacifique, le Japon, les étapes en Chine, Calcutta, Karachi, Bassorah, Athènes, les fumées du Vésuve et l’arrivée triomphante à Paris. L’accent du sud-Ouest de Dieudonné Costes est reconnaissable et permet de distinguer les phrases de chacun :
Par exemple, au moment de la traversée de l’Atlantique Sud :
Lebris : « Dis donc est-ce qu’il y a des requins dans le secteur ?
Costes : oui c’est un coin qui est bien fréquenté » (…)
Lebris : « Tiens ! Nous allons bientôt nous distraire, voilà le mauvais temps ! Ce sacré poteau noir !
Costes : « Ne t’en fais pas, nous allons tâcher de le passer sans trop nous tacher.
Lebris : Et bien tu vois ça y est. Pas plus difficile que ça ! Il est 10 heures, la terre ne doit plus être loin.
Costes : Dis regarde, je crois bien que c’est l’Amérique.
Lebris : C’est bien elle je la reconnais ! »
Le musée conserve une collection d’enregistrements sonores, tous enregistrés sur bandes magnétiques et cassettes audio et aussi cet enregistrement sonore fixé sur disque phonographique laqué 78t/min et produit par Odéon, société phonographique d’origine allemande, qui a existé sous ce nom de 1903 à 1966.
L’histoire de l’enregistrement sonore commence à la fin du XIXe siècle avec les découvertes de Thomas Edison et l’invention de son appareil phonographe. Le brevet est déposé le 19 décembre 1877. Le succès commercial de cet appareil est à l’origine de l’industrie du disque. Cet appareil enregistre les sons sur un cylindre et 10 ans plus tard, l’allemand Emile Berliner développe une version du phonographe avec disque : le gramophone – Brevet 1887.
Le disque remplace donc le cylindre en tant que support d’enregistrement, et le procédé de gravure se fait désormais latéralement, consistant en un va-et-vient du stylet graveur dans le plan du disque, contrairement au phonographe d’Edison utilisant un procédé de gravure verticale du cylindre.
Dès la fin du XIXème siècle plusieurs compagnies de gramophones ou phonographes à disque voient le jour en Amérique du nord et en Europe : The Gramophon Company “His master’s voice”(Royaume-unis 1897), Deutsche Grammophon (Allemagne 1898), Victor (USA 1901), Columbia (USA 1888), Pathé (France 1890), Paillard (Suisse 1914), Odéon (Allemagne 1903) par exemple.
Avec ces procédés, à ce moment-là à enregistrement acoustique, les éditeurs procèdent aux premiers enregistrements sonores principalement de chansons et d’interprétations de musiques classiques avec parfois la voix du compositeur (Brahms, Tchaikovsky par ex), d’airs d’opéra, de musiques traditionnelles à travers le monde. Puis ils commencent à collecter des voix de personnalités. Dès 1891, la voix de Gustave Eiffel est enregistrée par Edison puis celles d’Emile Durkheim, Guillaume Apollinaire, Maurice Barrès… Des éditeurs organisent aussi la collecte de langues parlées à travers le monde. Max Strauss, fondateur d’Odéon envoie en 1904 des ingénieurs du sons en Afrique, Turquie et Grèce. L’éditeur Victor fait la même chose en Chine et en Amérique du Sud, Pathé en Russie et Europe méridionale. En 1911, Ferdinand Brunot crée Les archives de la parole et collecte les dialectes et patois de France.
Des répertoires se constituent majoritairement musicaux jusqu’au début des années 1920 puis intègrent de plus en plus de témoignages oraux avec l’arrivée de l’enregistrement électrique en France fin 1926.
Des témoignages sonores de personnalités de l’aéronautique sont conservés d’une part au Service Historique de la Défense (SHD) et d’autres part au Département Recherche et Documentation du Musée de l’air et de l’espace.