Il
y a 80 ans, le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry disparaît en
mer Méditerranée à bord de son avion, un Lockheed P-38 Lightning. Les
fragments de cet avion sont retrouvés au large de Marseille en 2000.
Les
éléments remontés de l'avion, chargés de la mémoire de leur célèbre
occupant, mais aussi témoins du destin d'un pilote de reconnaissance,
sont confiés au musée de l’Air et de l’Espace depuis 2004 par le
Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines
du ministère de la Culture (DRASSM). Des analyses sont réalisées sur les
pièces avec les organismes référents en conservation et restauration
des objets patrimoniaux afin de les préserver. Elles s'inscrivent
désormais dans l'actualité de la sauvegarde et de la transmission des
patrimoines aéronautiques de la Seconde Guerre mondiale et des périodes
les plus récentes.
A
l’occasion de l’exposition « Antoine de Saint-Exupéry, fragments
d’histoire », plusieurs fragments de P-38 sont présentés au public, dont
certaines pièces inédites : la jambe du train principal, un fragment
d'empennage, le turbocompresseur gauche ainsi que le berceau du
turbocompresseur – ce dernier fournit notamment la clé de
l'identification de l'appareil grâce au numéro de pièce unique 2734 L,
apposé directement sur la chaîne de montage.
Restés
immergés pendant 60 ans, ces fragments composés d'alliages, d'aluminium
ou ferreux se dégradent une fois sortis de l'eau. Leur composition
physico-chimique a été étudiée en partenariat avec le Centre de
Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) et l'Institut
Jean Lamour / Université de Lorraine, et un traitement de protection a
été mis au point. Il s'agit d'une solution de carboxylates à base
d'huile de colza, invisible et ne modifiant pas la composition des
pièces. Une surveillance continue est toujours maintenue aujourd'hui
afin de les préserver et permettre d'en exposer certaines sans qu'elles
se dégradent. Ces pièces, témoins uniques de la disparition d’Antoine de
Saint-Exupéry, constituent des passeurs de mémoire. L’exposition
consacre également une séquence au protocole de conservation dédié à
leur préservation.